Chartrons.Deux plasticiens du Faubourg des Arts ne paient plus leur loyer, faute, selon eux, de rentrés financières. En cause : la faible fréquentation de la rue.
Faubourg désert
Le faubourg : dans la ZAC cours Balguerie-Stuttenberg.
: Julien Rousset
Compter les chalands, c'est un jeu qu'affectionnent les plasticiens Lili-oto et Michel 2 Soulignac. Il y a des jours sans. Rien à compter du tout, pas un passant pour s'aventurer dans leur échoppe, constatent les deux artistes : d'après eux. Le temps parait bien long quand il est mesuré depuis un atelier du Faubourg des Arts.
Cette rue encore invisible sur la plupart des plans de Bordeaux, a été percée en 2002 dans le cadre du réaménagement total des anciens chais de Luze. Sous l'impulsion de Domofrance, neuf hectares de résidences, d'écoles et de srvices ont fleuri au coeur des Chartrons. Cette ZAC, zone d'aménagement concerté, n'a pas oublié les artistes. Domofrance ce mettant à leur disposition, pour les loyers trés modérés, de beaux ateliers, vastes volumes blancs drapés de pierre blonde,(1). Mais les bordelais, eux, ont un peu oublié la ZAC. Longtemps mal signalé, aménagée en cul-de-sac à l'écart du coeur battant des Chartrons. Le faubourg est souvent désert.
500 euros les 100 mètres carré. Une douzaine d'artistes y travaillent et y font commerce de leurs oeuvres. En majorité des artisans, qui disent "sans sortir" grâce aux commandes. En revanche, la situation est critique pour les deux plasticiens de la rue. Au 34, Lili-oto, rend hommage à la légèreté et à l'apesenteur en concevant des mobiles en vîme, matériau proche de l'osier. Au 16, le peintre sculpteur Michel 2 Soulignac, prépare des toiles "fougueuses et lyriques" qu'il montrera à partir de la mi-juillet.
Les deux voisins sont en délicatesse avec le bailleur Domofrance. Ils n'ont pas payé, depuis quatre mois pour Lili-oto et depuis deux mois pour Michel 2 Soulignac, leur loyer : environ500 euros pour 100 mètres carré. "Ce n'est pas cher dans l'absolu, mais cela le devient vu la très faible fréquentation de la rue" estiment les deux confrères, qui disent tirer quotidiennement le diable par la queue. Au delà de ces soucis de trésorerie, ils rallument aussi un vieux débat en déporant que l'effort public soit concentré sur les musées et les centres d'art, au détriment des résidences et des atliers ( voir ci-dessous).
La mairie n'est pas, cette fois en première ligne. Le Faubourg des Arts du domaine privé. Il est la propriété de la société Domofrance, qui gère par ailleurs 17500 logements sur l'agglo. D'où vient qu'un bailleur s'occupe d'ateliers d'artistes ? "Nous travaillons beaucoup sur la mixité des activités " explique Isabelle Touchon, directeur clientèle qui rappelle que Domofrance possède ainsi quatre hotels d'entreprise sur la CUB, plusieurs centres commerciaux au pied de ses logements sociaux"... "Le Faubourg es Arts est une belle initiative. Nous proposons aux artistes des locaux d'une grande qualité à des loyers bien au deça des cours du marché" explique-t-elle, sans minimiser les péripéties de la nouvelle rue : "Donnons nous encore un ou deux ans, quand la galerie jusqu'aux quais sera réalisée, pour juger".
Volonté d'apaisement. De son point de vue, "la difficulté vient parfois des artistes. Ce sont des créateurs trés attachés à leur liberté, pas toujours facile à fédérer.
Par exemple, la plupart des ateliers restaient longuement fermés, ce qui dissuadait les passants de venir. J'ai dû me battre pour qu'ils posent des affichettes avec des horaires clairs de fermeture et d'ouverture".
Quand aux loyers impayés ? Elle espère régler le problème avec Lili-oto et Michel 2 Soulignac "à l'amiable", et dit surtout vouloir "en parler avec eux". Plutôt conciliante, donc. Pas sûr que cette culture de l'apaisement survive, à long terme, aux changements prochainement attendus à la tête de Domofrance : en mai dernier, Jean-Luc Hoguet, souvent salué pour sa fibre sociale, était mis à l'écart du poste de directeur général.
TROIS QUESTIONS
à Domidique Ducassou. Adjoint à la culture.
Etes-vous optimiste ou pessimiste pour le Faubourg des Arts ?
J'y vais assez régulièrement, soit au petit théâtre, soit à la faveur de vernissages : j'ai parfaitement conscience des difficultés des artistes qui y travaillent. Mais il faut regarder l'évolution de la rue. L'ouverture de la galerie piétonne menant jusqu'aux quais lui donnera une bien meilleure visibilité.
Comment la mairie, qui affirme vouloir d'avantage promouvoir les artistes bordelais, peut-elle concrètement aider les plasticiens du Faubourg ?
La ville n'a pas vocation à s'immiscer dans un problème de loyer avec Domofrance, on a à s'orienter vers des substitutions de loyer. En revanche, nous pouvons aider ces artistes en les intégrant à la carte de la Culture en mouvement, notamment au trjet du Bus de l'Art Contemporain, puisque cette navette va régulièrement vers la base. Nous pouvons envisager une escale au Faubourg des Arts, non pas pour présenter un atelier dans sa banalité mais en cas de temps fort. A eux de nous faire signe quand une exposition sort de l'ordinaire !
Dans le cadre de culture en mouvement justement, vous avez lancé un atelier collectif, l'Espace 29, et deux résidences d'artistes. La galère de ces plasticiens, aux Chartrons, ne montre-t-elle pas que ces efforts ne suffise pas ?
Ces initiatives sont des réussites, mais bien entendu ce n'est pas assez. Nous travaillons à trouver de nouveaux lieux : nous cherchons, notamment à la faveur de rénovations, des sites bien adaptés à des logiques de résidences.
: Propos recueillis par Julien Rousset.
Note de Lili-oto : ce qui est en rouge nous a choqué le jour de la parution de l'article, car un atelier d'artiste est toujours un espace singulier n'en déplaise à l'incompétent adjoint à la culture de la mairie de Bordeaux Monsieur Dominique Ducassou qui prouve son mépris lorsque il se permet de dire " A eux de nous faire signe quand une exposition sort de l'ordinaire", quelle manque de respect pour les artistes et la création ! ( pauvre Redneck!)
Chartrons.Des artistes de la rue du Faubourg des Arts pointent les approximations de l'adjoint à la culture.
DUCASSOU recadré par les plasticiens
Dominique Ducassou a été repris à la volée hier par les plasticiens du Faubourg des Arts, Lili-oto (notre photo)
:Julien Rousset
Interrogé, dans notre édition d'hier, sur les difficultés que rencontrent les plasticiens du Faubourg des arts, l'adjoint à la culture Dominique Ducassou suggérait, pour leur donner davantage de visibilité, de les "intégrer au trajet de la navette de l'Art Contemporain".
Depuis octobre 2005, ce bus propose chaque premier dimanche du mois un parcours commenté (et populaire) entre galeries et collectifs de créateurs. Problème : "Le Faubourg des Arts fait déjà partie du circuit du bus!" ont relevé les artistes concernés, qui ont adressé un mail courroucé hier à la mairie.
La réalité est plus nuancé : le bus a fait escale une fois, début janvier, au Faubourg des Arts, à Artoong Studio, atelier galerie de Lili-oto qui a également accueilli le 4 juin dernier le parcours "art et vélo"
Plus Juppé que Martin. Comment Dominique Ducassou, adjoint à la culture, pouvait-il ignorer ces antécédents ? "Le trajet change tous les mois, ce n'est pas moi qui arrête chaque étape. En outre, je m'interdis d'interférer dans le contenu du programme" expliquait-il hier.
Dominique Ducassou a aussi suscité l'étonnement en mentionnant que la navette circule "jusqu'à la base"- où elle n'est jamais allée. Pour les observateurs, ces approximations signalent que l'élu, très actif sur le dossier de l'Opéra ou pour Novart, parait plus en retrait au sujet des arts plastiques, domaine où le cabinet du maire s'est beaucoup investi ces derniers mois.
La navette fait en effet partie des mesures-phares du programme culture en mouvement, programme impulsé par Hugues Martin pour tonifier le réseau local des arts plastiques. L'espace 29, atelier collectif, est une autre innovation de Culture en mouvement : lors de son inauguration, Hugues Martin estimait que la politique culturelle de Bordeaux s'était trop éloignée du tissus local des créateurs. Ce qui ne sonne pas vraiment comme un satisfecit pour Dominique Ducassou, par ailleurs considéré comme plus proche d'Alain Juppé que du maire actuel.
Note de Lili-oto : l'article est fort sympatique pour Dominique Ducassou adjoint à la culture de la mairie de Bordeaux qui est totalement incompétent pour la culture. Que l'homme s'occupe de médecine nucléaire où il est utile au lieu de s'occuper de culture où il se ridiculise. La ville de Bordeaux a un grave déficit culturel, il faut des gens compétents, ingénieux qui maîtrisent les enjeux culturels en favorisant non l'action culturelle mais les émergentes artistiques garantes d'un renouveau culturel dont Bordeaux a grand besoin.