Etre artiste contemporain n'est pas être un artiste qui a sa réalité historique à partir des années 60 pas plus qu'il n'est représentatif de l'art dit contemporain car être artiste contemporain n'est pas un qualificatif restrictif de type "catégoriel" et justifiant cette hierarchisation des artistes dans la création contemporaine dans les domaines des arts plastiques soutenue par l'administration et l'institution culturelles, c'est une vision totalement stupide et néolithique de la création contemporaine justifiant le sale boulot de contôle sur les artistes et leur devenir.
La classification volontaire des artistes en artistes contemporains en une hiérarchie de valeur et notamment avec le label "art contemporain" ne repose sur aucune réalité objective historique. Ce mode de représentation et cette classification honteuse des acteurs de la création contemporaine est contraire à la notion de diversité artistique, contraire à la pluralité artistique, contraire à la notion de transversalité dans les arts, contraire à l'évolution de la pensée, contraire à la notion ou les notions philosophiques des "écarts", contraire au concept d'humanisme dans la marche évolutive de l'humanité.
La classification volontaire des artistes en artistes contemporains en une hiérarchie de valeur est une volonté uniquement politique et économique dont l'objet est le regroupement d'un certain monopole de la création contemporaine comme monopole de zones d'influences culturelles dites "monopolistes" tendant à une entente en formation de cartels artistiques de la création contemporaine afin de constituer des réseaux de domination sur une création contemporaine asservie à l'instrumentalisation idéologique d'un système de représentation sociale et économique.
La classification volontaire des artistes en artistes dits "contemporains" en une hiérarchie de valeur a pour objet de légitimé une instance supérieure avec une souveraineté sur la diversité féconde et nécessaire de la création contemporaine, sur l'artiste et sa création. Afin de renforcer cette 'idée impérieuse" d'instance supérieure, on contrôle l'affectation de la création en domaines et sous domaines. Cette classification frappera la singularité, le sensible et le sens propre à l'oeuvre ou propre à la création de l'artiste par une ou des valeurs fonctionnelles qui tend à instaurer une orientation culturelle et non artistique dans un système d'unification d'une globalisation dite "intellectuelle" de la pensée. Un grand classique dans l'histoire de l'humanité. Par exemple dans "Race et Histoire" de Claude Lévi-Strauss :
" l'humanité est constamment aux prises avec deux processus contradictoires dont l'un tend à instaurer l'unification, tandis que l'autre vise à maintenir ou à rétablir la diversification. La position de chaque époque ou de chaque culture dans le système, l'orientation selon laquelle elle s'y trouve engagée sont telles qu'un seul des processus lui parait avoir un sens, l'autre semblant être la négation du premier."
Peut-on définir les contours de cette instance ? Pour la localiser, il faut rechercher ce qui confère sa première caractéristique, c'est à dire les systèmes de domination culturelles et marchands, ses méthodes de concentration, dans certains cas ses méthodes de centralisation, ses méthodes de répression et la prédominance de la survie de ses appareils sur la création artistique.
Répondre simplement, l'objet de cet article n'est pas d'écrire un livre. Il n'y a pas une instance supérieure mondiale ou française mais une corrélation d'instances supérieures édictées par l'évènementialité, l'historicité ou une dominante culturelle qui a pour vocation l'hégémonie des civilisations occidentales sur le reste du monde...
Partout ce multiplie des foires internationales, des biennales internationales avec ces mêmes lots d'artistes, de marchands ou de galeries d'art contemporain transportant des gammes "de produits" similaires laissant peu de place à l'audace ou à la singularité. Je dis "produit" artistique car cet évènementialité est marchand et bien loin des enjeux de la création contemporaine, mais certains défendrons la thèse que le marché est une garantie pour la diversité artistique. La prédominance par exemple américaine est liée à la capacité de son propre marché intérieur comme dans le cinéma qui lui permet de divulguer ses produits culturels habillés de cette volonté politique "impérialiste" avec la mystification d'une prédominance de la création ou du renouvellement de sa création sur son propre territoire. La France est peu présente internationalement car son propre marché culturel en art contemporain est dérisoire. Les méthodes de concentration sont assurées à la fois par les trusts, holding et grandes fortunes par leur capacité à acheter et collectionner puis par l'appareil d'état comme en France par ses propres collections. Aujourd'hui, il n'est pas nécessaire d'envoyer un artiste à la mort ou de le torturer, il suffit de l'écarter de tous ces réseaux en excluant sa propre création des collections privées et publiques et de l'éloigner du réseau du marché international, biennales, expositions dans les grands espaces de diffusion de l'art contemporain. En France, ça se traduit par une vie au Rmi ou dans la médiocrité d'un marché secondaire in situ dans les ateliers, petites foires ou expositions d'art ponctuelles. Mais aussi parfois par une immense souffrance, l’idée de rejet et d’exclusion.
La centralisation à la française est liée au pouvoir institutionnel abusif mais qui n'est que le reflet de la nature de la république dans laquelle nous vivons avec cette forme de monarchie élective et la façon avec laquelle on recrute les salariés dans toute l'arborescence de l'appareil institutionnel. L'obéissance et la survie de l'appareil priment sur l'initiative. Le recrutement sur diplômes universitaires a redonné un pouvoir hégémonique de la connaissance universitaire sur la création artistique. La conception progressiste d'un discours esthétique soumis au marketing, tourisme culturel, et l’insuffisance ou la suffisance prime sur l'analyse. L'inertie culturelle est le reflet dans certaine région de la nature même du pouvoir politique en place. Et enfin il y a un mépris pour une certaine liberté de création de certains artistes ou pour leurs opinions politiques de la part de fonctionnaires frileux ou de galiéristes complaisants. La structure hiérarchique fortement pyramidale de la société française anéantie tout espoir de changement quelque soit le pouvoir en place et le résultat des élections car c’est le cadre institutionnel de la 5eme République qui permet cette forte structure pyramidale.
Depuis les années 80 sans discontinuité, l'essence même de la création contemporaine dans les arts plastiques a été gommée au profit de la fonctionnalité culturelle de l'oeuvre afin d'alimenter les stratégies culturelles de l'institution et de son environnement proche. L'oeuvre d'art devient prétexte à par exemple une stratégie de communication ou de marketing institutionnel ou d'entreprise du privé, sa fonctionnalité remplace sa fécondité, son vecteur principal n'est plus le capital " création" mais le capital "communication" et dans certain cas vecteur favorable à la spéculation financière mais qui restera pour les grandes entreprises toujours un vecteur de communication.
Et l'artiste ? L'artiste n'est plus qu'un artisan. L'artisan nécessaire à la fabrication de l'objet, ce futur produit prétextes à diverses spéculations stratégiques. Et la création contemporaine? La création contemporaine n'est plus qu'un mode de production fabricant l'originalité ou l'insolite, un mode de production niant l'existence d'une fécondité de la pensée. C'est grâce à la vulgarisation de ce mode de production que l'on a vu des commissaires d'exposition par exemple se prendre pour des artistes ou des créateurs.
Ce genre de phénomènes sociaux politiques est le symptôme n'ont d'une société en perdition mais d'un pouvoir politique et économique qui devient de plus en plus que la caricature de lui-même, le symptôme d'un changement politique annoncé, le symptôme d'un présent en mode de survie et d'une économie mondiale exsangue dont le seul objectif est le mouvement, en mouvement perpétuel avec le déplacement de ces pôles de décisions et ces pôles de concentrations. L'artiste n'est pas un être doté d'un pouvoir surnaturel qui échappe à sa condition, il est un être parmi les autres mais il n'est pas un artisan, il est un artiste avec une pratique artistique que l'on nomme création contemporaine... Il faut vivre et il faut résister malgré la dureté de notre condition sociale et financière même si nous n'avons plus d'espace de diffusion digne de notre création...
Préserver son capital artistique et la mémoire de sa propre création contemporaine face à cet politique ou programmation dans « l’esprit du temps » que nous retrouvons dans la plus part de ces foires d’art, biennales d’art contemporain ou musées d’art contemporain.
Rappel, « le temps en ruine de Marc Augé :
" L'esprit du temps, c'est d'abord le privilège accordé au présent sur le passé et sur le futur, un esprit de consommation immédiate qui s'accommode fort bien de la mise en spectacle du monde."
Préserver son capital artistique et la mémoire de sa propre création contemporaine face à cet « esprit du temps » qui traite uniformément la diffusion artistique car c’est le véritable échec de cette forme de diffusion. On traverse expositions et vernissages et malgré la diversité des œuvres on en ressort avec l’idée du déjà vu, un ressentiment d’«exposition formatée».
Je cite « le temps en ruine de Marc Augé :
« (…) cette mise en spectacle rend chaque jour plus poreuse la frontière entre le réel et la fiction. Elle a des effets pervers ; la nuance lui est étrangère : si la diversité est sa matière première, elle la traite toujours de la même manière, avec le même langage, dans le même style, uniformément. (…)
« L’uniformité en somme, est la rançon de la diversité quand celle-ci est appréhendée superficiellement. »
On voit souvent des manipulateurs qui vous explique que ‘art dit contemporain ne répond pas à la diversité en France, je suis le premier à le dire mais je récuse cette notion idiote qui instrumentalise des artistes contre les autres, en voulant nous faire croire qu’il n’y aurait aucune diversité dans l’institution française. Les œuvres ne se ressemblent pas, c’est la façon de les appréhender par l’institution et souvent dans les galeries d’art ou les foires ou biennales d’art contemporain, cette façon d les agencer, cette organisation, communication, marketing et toutes ses stratégies qui gomment la singularité et le sens de l’œuvre.
«C’est comme si l’œuvre présentée perdait sa traçabilité». Lili-oto
Nous avons un devoir de mémoire face à notre création, nous devons refuser la décontextualisation de notre création.
Aujourd’hui le net nous permets de garder une trace publique de notre travail et faire face à l’exclusion artistique.
La lutte contre ces politiques absurdes de la diffusion des œuvres « acontextuées » doivent nous permettre de réinventer Marcel Duchamp et de trouver en nous d’autres solutions pour répondre à ce grave échec des politiques de monstration des œuvres d’art.
Rappel :
Le statut de l'artiste est défini uniquement par son activité artistique:
- "On entend par "artiste" toute personne qui crée ou participe par son interprétation à la création d’oeuvres d’art, qui considère sa création artistique comme un élément essentiel de sa vie, qui ainsi contribue au développement de l’art et de la culture, et qui est reconnue ou cherche à être reconnue en tant qu’artiste, quelle soit liée ou non par une relation de travail ou d’association quelconque." Texte de l'UNESCO
- "Les pouvoirs publics à tous les niveaux sont invités à mettre à la disposition des artistes des espaces propices à la pratique de leurs activités, notamment dans le cadre de la réhabilitation de certains quartiers." Unesco, condition de l'artiste..." Texte de L'UNESCO
- Le statut de l'artiste s'acquiert par son activité artistique ou sa création et non par l'adhésion à une caisse d'artiste ou dans une association, pas plus que par sa côte d'artiste ou sa place dans le marché national ou international de l'art dit contemporain. L'histoire de l'art est le reflet des oeuvres résultantes du fruit de l'activité créatrice de l'homme et non par la preuve d'un règlement d'une cotisation ou la preuve d'une quelconque déclaration à un ordre, à une caisse catégorielle ou une éventuelle maison d'artiste. Ceux qui vous font croire le contraire sont des manipulateurs et des menteurs qui rêvent de réduire nos espaces de liberté à une fonctionnalité encartée comme ce fut le cas par exemple sous Staline, Mao, Mussolini... Défendre notre statut d'artiste c'est défendre nos droits à la liberté de création, défendre les espaces nécessaires à sa pratique, à notre singularité, la liberté et les possibilités de diffuser nos oeuvres avec des espaces appropriés. lili-oto
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