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Nous artistes plasticiens, peintres, sculpteurs, installateurs, performer, videaste, artiste de l'art en ligne, etc, que nous nous reconnaissions ou pas dans ce label art contemporain, dans la famille de l’art actuel ou les courants des arts singuliers avons l’obligation et le devoir de marquer clairement notre opposition politique face au gouvernement de Sarkozy et le ministère de la culture de Christine Albanel. Notre tâche aujourd’hui est de déployer des formes de résistance voir de révolte face à ce gouvernement de l'ultra droite. Nous devons contrecarrer cette politique culturelle ultralibérale dont les référents ne sont que des remix des travers de la spéculation financière sur les œuvres d’art malgré cette grave crise économique du capitalisme financier. Nos objectifs premiers sont avant tout de témoigner et affirmer auprès des populations précaires et fragilisées toute notre solidarité. Ce gouvernement institutionnalise le populisme intellectuel et le populisme politique comme les deux seules et uniques perspectives révélées puis structurées et édifiées ces dernières décennies par leur mode de pensée libérale, productiviste et consumériste. Les institutions artistiques comme les musées d’art contemporain, Frac*, Cnap*, Drac* ne sont que les relais de cet ultra conservatisme dangereux. Leur histoire de l’art n’est pas synonyme de contemporanéité et elle n’est pas non plus l’histoire de la création artistique contemporaine et encore moins une histoire des véritables conditions d’existence, de vie et de statut des artistes.

 

Je joins comme un rappel ce petit extrait du livre de Pierre Bourdieu dans Contre-feux 2 aux éditions Raisons d’agir, page 81.

(…) La culture est menacée parce que les conditions économiques et sociales dans lesquelles elle peut se développer sont profondément affectés par la logique du profit dans les pays avancés où le capital accumulé, condition de l’autonomie, est déjà important (…) Les peintres (artistes) ont mis prés de cinq siècles pour conquérir les conditions sociales qui ont rendu possible un Picasso ; ils ont dû – on le sait par la lecture des contrats – lutter contre les commanditaires pour que les œuvres cesse d’être traité comme un simple produit, évalué à la surface peinte et aux prix des couleurs employées ; ils ont dû lutter pour obtenir le droit à la signature, c'est-à-dire le droit d’être traité comme des auteurs. Ils ont dû lutter pour le droit de choisir les couleurs qu’ils employaient, la manière de les employer et même, tout à la fin, notamment avec l’art abstrait, le sujet même, sur lequel pesait particulièrement le pouvoir du commanditaire. (…) Pierre Bourdieu

Depuis deux décennies en France les commanditaires sont en partie les institutions, les gros marchands et les gros collectionneurs et au niveau mondial le marché international de l’art contemporain. Les artistes sont toujours exposés aux mêmes problématiques, ils doivent encore lutter contre le mercantilisme spéculatif et financier, contre des marchands avides de gains juteux, contre la modélisation de leur création en fonction des modes, des vogues esthétiques internationales et des engouements du marché repris à grand coup de communication et d'expositions dans les musées d’art contemporain, les achats des Frac ou les acquisitions du Cnap, et dans l’enseignement dans les écoles de beaux Arts. Ils doivent lutter contre cette école mondiale de la culture capitaliste ultra libérale qui avec le relais des dirigeants, directeurs ou des conservateurs des institutions artistiques avec le concours des commissaires d’exposition ou des curateurs méprisent les auteurs créateurs, ses conditions de vie, d’existence et de pratique au profit de l’œuvre elle-même afin de déshumaniser la création contemporaine,  de propager le consumérisme intellectuel et artistique et surtout de s’approprier l’œuvre pour en affirmer leur quête permanente de pouvoir et de domination sur la communauté artistique avec une volonté politique de s'inscrire dans la globalité mondiale avec une recherche d'une uniformité culturelle, la tyrannie de ces pouvoirs culturels exigeant le respect de ces propres règles édictées à
la communauté artistique. C’est au lendemain de 68 avec Pompidou que commencera l’institutionnalisation de ce regard puritain sur l’art contemporain, un puritanisme intellectuel que l’on retrouvait dans les facs d’histoire de l’art et qui sous jack Lang se renforcera en offrant à leurs apôtres la direction des arts plastiques, au ministère de la culture et dans les institutions artistiques. Un Jack Lang que je détestais et je suis pourtant de gauche non libéral. Sachant dés les années 83 et mes amis artistes lyonnais ou parisiens pourront en témoigner, j’accusais Lang de mener une politique de droite contre les intérêts des artistes et de la création, cette politique culturelle pour la création artistique sous le joug d'un puritanisme intellectuel qui avait été mise en place pour contrer une tradition libertaire de la création artistique, une condition libertaire nécessaire à la création et que j’ai toujours défendue. Aujourd’hui Jack Lang est à la place où il aurait dû être depuis toujours, auprès de Nicolas Sarkozy, avec tous ces soient disant hommes ou femmes de « gauche( ?) » qui soutiennent l’action gouvernementale du nain de jardin, alors que lorsque l'on est de gauche, on a rien à faire avec Sarkozy, de plus anti laïque, rétrograde, ringard et antidémocratique. S'il est acquis aujourd'hui que la gauche après Pierre Mauroy avait une politique de droite il est encore difficile de faire admettre tant d’artistes français sont mouillés, que la culture après 1983 dans sa finalité et malgré les manipulations et la propagande ministérielle de Lang avait les mêmes orientations politiques, donc de droite et non de gauche.

Ce qui explique aussi mon fameux et énorme coup de gueule (en je crois 1989) contre Thierry Raspail directeur du musée d'art contemporain de Lyon
lors d'un dîner après le vernissage d’une exposition sur l’Arte Povera à l’Elac (espace lyonnais d’art contemporain) en présence d’ailleurs de Jean Luc Maubant (fondateur et directeur de l'IAC, Institut d'art contemporain de Villeurbanne) et de critiques d’art contemporain italiens, et des journalistes (y compris des journalistes de revues d'art contemporain). Un énorme coup de gueule pour défendre cette conception libertaire de la création d’artistes isolés ou de mouvances artistiques underground ou alternatives dans les ateliers d’artistes à la Croix Rousse à Lyon. Un coup de gueule qui fut encouragé par un artiste de l’Arte Povera présent à table, qui me donna complètement raison et finira aussi par insulter tout ce beau monde. 3 années plus tard, j’ai dû quitter Lyon pour Paris car j’étais complètement grillé dans les expositions, Drac et autres, malgré le succès des « jardin éphémères » à la Croix Rousse, initiative d’artistes plasticiens, comédiens…  Même si je fais une énorme différence entre Thierry Raspail et Thierry Prat (directeur artistique, conservateur adjoint du Musée d'art contemporain de Lyon), Thierry Prat visita mon atelier ainsi qu'Odile Plassard ex directrice de l’Elac car tous les deux respectaient mon indépendance d’esprit et cette approche libertaire dans la création artistique, Thierry Prat et Odile Plassard étaient tolérants et compréhensifs et deux personnes pour qui j'ai toujours de l'estime, ce qui n’est certainement pas le cas pour Raspail qui a fait les énormes dégats que l'on sait chez les artistes plasticiens lyonnais ou dans la création contemporaine lyonnaise, pour un frangin, bonjour la conception de l'humanisme! Malheureusement, on était combien d'artistes à refuser de se plier aux injonctions des institutions artistiques? Seulement une poignée et encore moins pour aller leur dire leurs 4 vérités !  

Lili-oto

 

Frac* : Fonds Regional d'Art Contemporain (dans chaque région)
Cnap*:
Centre national des arts plastiques
Drac*
: Directions régionales des affaires culturelles
Thierry Raspail : directeur du musée d'art contemporain et directeur de la biennale d'art contemporain de Lyon (MAC)
Thierry Prat : directeur artistique, conservateur adjoint du Musée d'art contemporain de Lyon (MAC)
Jean Luc Maubant : directeur de l'IAC, Institut d'art contemporain de Villeurbanne (je l'ai eu comme prof à l'école des Beaux Arts)
Arte Povera ou Art pauvre : mouvement artistique italien
Pierre Mauroy : 1er ministre de 81 à 84 sous Mitterand


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Tag(s) : #art contemporain
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