Lettre ouverte N°2 … (par mail) Bordeaux, le 03 novembre 2006
Madame Marie-Pierre CABANNE, Conseillère Régionale, Conseil Régional Aquitaine
Je vous remercie d’avoir pris lecture de ma lettre ouverte au FRAC Aquitaine et c’est avec grand plaisir que je vous réponds.
Nous, les Artistes Plasticiens en Aquitaine (Apea) demandons aux pouvoirs publics et collectivités territoriales la prise en considération de la condition sociale des artistes plasticiens en France qui vivent par dizaines de milliers seulement avec le RMI. Olivier Kaeppelin, délégué aux Arts plastiques au ministère de la culture, reconnaît lui-même avoir été choqué d’apprendre que les jeunes artistes français exposant à Beaubourg n’avaient que pour seule ressource le RMI.
Nous pensons que les institutions ne peuvent pas être uniquement qu’une simple vitrine pour une ville, un département ou une région. Nous considérons que les budgets aux Arts Plastiques ne peuvent pas se réduire qu’à des budgets de fonctionnement, il faut payer aux artistes plasticiens leurs droits de présentations lorsqu’ils sont sollicités pour des évènements comme tous les autres artistes dans le monde du spectacle vivant, du cinéma,etc.…
L’économie culturelle est une réalité même si elle est de nature très spécifique. Nous demandons un pôle de création à la Région Aquitaine au même titre que d’autres pôles commerciaux ou industriels.
Nous avons besoin d’être vu, entendu, soutenu et aidé pour la diffusion de nos œuvres en France et à l’étranger, une mission qui dépasse à nos yeux le rôle du FRAC ou de son future responsable. Par conséquent, nous demandons aussi, si ce n’est pas le cas, la présence d’artistes de la région Aquitaine dans son conseil technique. Nous aimerions comme en Allemagne que l’institution s’ouvre et ne soit plus un pouvoir clos refermé sur lui-même…
Nous demandons aux entreprises une plus large ouverture à l’Art Contemporain par le biais du mécénat et que vous les incitiez à apprendre à travailler avec les artistes plutôt que de les jeter à la rue.
Par exemple :
Rue du Faubourg des Arts, Domofrance (bailleur social,17700 logements) a lancé une procédure d’expulsion à mon encontre pour retard de loyers comme celle contre le peintre Michel 2 Soulignac qui vient de rendre les clés de son atelier. Nous, plasticiens de cette rue avons pendant un an fait des propositions de mécénat à ce bailleur, fait des évènements importants dans cette rue du Faubourg des arts déserte sans aucune aide de leur part, toujours à nos frais alors qu’ils en tiraient bénéfice pour leur image. J’ai même travaillé de ma propre initiative sur des études et des projets de sculptures urbaines pour ce quartier rénové des Chartrons mais je me suis toujours adressé à un mur. Leur seule réponse aujourd’hui est la porte et la rue puisque habitant dans mon atelier, il refuse même de me reloger afin de pouvoir bénéficier des aides sociales comme tous les citoyens! De plus, Domofrance fait payer une TVA qui n’a pas lieu d’être aux artistes plasticiens (environ 800 euros par an à des Rmistes) contraire aux recommandations de l’Organisation des Nations Unis (Unesco) relatives à la condition de l’artiste adoptée par la Conférence générale à sa vingt et unième session à Belgrade le 27 octobre 1980 qui demande de ne pas taxer la création à sa source.
Nous aurions dû bénéficier du soutient dans nos démarches personnelles et nos difficultés financières du conseiller aux Arts Plastique du Conseil Général de Gironde, professeur à l’école des Beaux Arts de Bordeaux et également commerçant de la rue du Faubourg des Arts, monsieur (...) . Ce personnage aux nombreuses casquettes fort de ne nous avoir jamais soutenu face à Domofrance dans nos démarches et nos projets liés à notre propre activité de plasticiens (je ne parle pas des artisans d’art) a préféré proposé l’ouverture de petits commerces pour remplacer les ateliers d’artistes.
Ce n’est ni sérieux ni respectueux. Nous crions stop au gâchis et au mépris. Les artistes plasticiens au même titre que les chercheurs méritent considération et reconnaissance sociale dans un pays comme la France…
Espérant vous avoir éclairé brièvement sur la très grave situation des artistes plasticiens dans notre pays, je reste à votre entière disposition pour discuter de vive voix de mes points de vue et de mes propositions.
Lili-oto
Je me permets d’envoyer cette lettre à d’autres conseillers ainsi qu’à Madame Françoise Cartron, présidente du FRAC et vice-présidente au Conseil Régional avec qui je me suis entretenu hier au vernissage du FRAC pour lui demander un rendez-vous comme elle me l’a proposé. Nous, les Apéa sommes favorables à l’organisation d’une table ronde entre artistes, élus et institutions. Nous demandons un moratoire sur les expulsions d’artistes plasticiens en France.
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